L'attachement : ces petites musiques qui nous habitent

En résumé

Dans mes accompagnements transpersonnels, je suis souvent frappé par la manière dont chacun, au fil de son histoire, apprend à aimer — et à se protéger d'aimer.

Cette observation m'a récemment reconnecté à la théorie de l'attachement de Bowlby. Imaginez que chaque bébé naîtrait avec un petit instrument relationnel, et apprendrait à en jouer en imitant ses premiers "professeurs de musique" - papa et maman...

Dans mes accompagnements transpersonnels, je suis souvent frappé par la manière dont chacun, au fil de son histoire, apprend à aimer — et à se protéger d'aimer. Cette observation m'a récemment reconnecté à la théorie de l'attachement de Bowlby que j'avais étudiée il y a des années...

Imaginez un peu : chaque bébé naîtrait avec un petit instrument relationnel, et apprendrait à en jouer en imitant ses premiers "professeurs de musique" - papa et maman. Certains découvrent l'art de jouer en harmonie, d'autres développent cette tendance à jouer trop fort (par peur qu'on ne les entende pas), et puis il y a ceux qui préfèrent carrément les solos...

Bon, je vous avoue que cette métaphore m'amuse, mais elle colle assez bien à ce qu'on observe sur le terrain !

Quatre façons de faire sa petite musique

Le musicien harmonieux (attachement sécure)

Dans ma pratique, je rencontre parfois ces personnes qui semblent naturellement à l'aise dans leurs relations. Elles savent écouter l'autre, s'adapter au tempo sans perdre leur propre mélodie. "Moi je peux jouer en solo si il faut, en duo c'est chouette aussi, et dans un groupe... eh bien ça dépend du groupe !"

Ce qui me frappe chez elles, c'est cette capacité à faire confiance. Elles acceptent que parfois, l'autre ait le solo. Elles représentent environ 60% de la population adulte - ce qui est rassurant quand même !

Le musicien hypervigilant (anxieux-préoccupé)

Ah, ceux-là, je les reconnais tout de suite ! Ils arrivent en séance avec mille questions : "Vous pensez que j'ai bien fait de lui envoyer ce message ? Il a mis trois heures à répondre, c'est mauvais signe non ?"

Ce sont nos musiciens de l'inquiétude. Ils surveillent constamment s'ils sont bien en rythme avec l'orchestre, scrutent le moindre froncement de sourcils du chef. Parfois ils jouent trop fort, par peur de ne pas être entendus. J'ai une patiente qui me disait récemment : "Je passe mon temps à vérifier si mon copain m'aime encore... c'est épuisant !"

Cette hypervigilance musicale... je crois qu'elle vient souvent de ces premières "leçons" de musique un peu chaotiques dans l'enfance. Des parents parfois attentionnés, parfois absents. Du coup, ces enfants ont développé un système d'alerte ultra-performant.

Le soliste autonome (évitant)

"Moi ? Jouer avec d'autres ? Non merci, c'est trop compliqué." Voilà ce que pourrait dire ce troisième type de musicien. Dans mes consultations, je vois souvent arriver ces personnes qui ont développé une préférence marquée pour... elles-mêmes !

Pas par égoïsme, hein. Plutôt par protection. "Mon instrument et moi, on se débrouille très bien. Les orchestres, c'est source de cacophonie." Ils évitent les jam sessions improvisées, préfèrent les morceaux qu'ils maîtrisent parfaitement.

Bon, entre nous, derrière cette autonomie musicale se cache souvent une blessure. Celle d'avoir essayé de jouer avec d'autres et d'avoir été ignoré. Alors hop, on range son violon et on joue tout seul dans sa chambre.

Le musicien chaotique (désorganisé)

Celui-là, il me pose toujours question. Un jour il débarque en séance et monopolise toute la conversation, le lendemain il reste muet. "Tantôt je joue fortissimo, tantôt je me tais complètement... mais pourquoi l'harmonie m'échappe-t-elle ?"

J'ai eu un client récemment qui oscillait constamment entre fusionnalité totale et rejet complet de sa compagne. Les autres musiciens de sa vie ne savaient jamais sur quel tempo compter. Épuisant pour tout le monde.

Ce style me questionne beaucoup parce qu'il révèle souvent des premières expériences relationnelles... comment dire... ambivalentes. Des "professeurs de musique" qui ont été à la fois sources d'inspiration et de confusion.

Dans ma pratique, je vois ces dynamiques s’exprimer dans les liens amoureux, familiaux, thérapeutiques. Mais jamais sous forme figée. Il s’agit toujours de mouvements vivants, souvent inconscients, que l’on peut commencer à observer… puis transformer.

Ce que nous raconte notre cerveau musical

Alors, là ça devient passionnant ! Les neurosciences nous apprennent des choses fascinantes sur tout ça. Il semblerait que notre façon d'être en relation sculpte littéralement notre cerveau :

  • L'amygdale de nos "musiciens hypervigilants" réagit comme un métronome affolé au moindre changement de tempo. J'ai l'impression parfois qu'elle crie "ALERTE ! ALERTE !" dès qu'il y a la plus petite variation dans la mélodie relationnelle.
  • À l'inverse, chez nos "solistes autonomes", les zones cérébrales liées à l'empathie semblent fonctionner en mode économie d'énergie. Comme des instruments mis en sourdine pour préserver leur énergie pour les performances en solo.

Peut-on changer de style d'attachement ?

Ah, la question à un million ! Est-ce qu'on est condamné à rejouer éternellement la même musique relationnelle ?

Heureusement... non ! (Imaginez si c'était le cas, quel désespoir pour nous, thérapeutes !) Des études longitudinales montrent qu'environ un quart des adultes changent de style au cours de leur vie. Pas si mal !

Dans ma pratique, j'observe régulièrement ces transformations. Ce "musicien hypervigilant" qui apprend progressivement la confiance dans l'orchestre. Ce "soliste autonome" qui découvre timidement la richesse des duos...

Bon, ça ne se fait pas du jour au lendemain, hein. C'est un travail de patience, de maturation intérieure, qui demande souvent un accompagnement sur plusieurs mois, avec des allers-retours entre compréhension, ressenti et expérimentation dans la relation. Mais c'est possible.

L'art de réapprendre à jouer ensemble

D'abord, reconnaître sa petite musique

"Tiens, je redeviens ce musicien qui joue trop fort par peur qu'on ne m'entende pas !" Cette simple observation, sans jugement, ouvre déjà un espace de transformation. Mes clients sont souvent surpris de découvrir leurs automatismes musicaux.

Écouter ce que raconte le corps

Nos styles d'attachement, ils ne restent pas dans notre tête ! Ils s'incarnent dans notre corps comme des tensions, des crispations... Le "musicien hypervigilant" ressent souvent cette tension dans les épaules, le "soliste autonome" cette rigidité du diaphragme.

C'est là que mes outils de transe prennent tout leur sens. La respiration holotropique permet d'explorer ces mémoires corporelles, comme un accordage profond de notre instrument intérieur. J'ai vu des transformations saisissantes avec cette approche - des gens qui retrouvent des "cordes" oubliées sur leur violon relationnel !

Parfois, c'est à travers un rituel, un geste symbolique ou une image intérieure puissante que le changement s'imprime plus profondément que par les mots.

Note : par "transe", j’entends ici un état modifié de conscience naturel, qui facilite l’accès à des mémoires corporelles et émotionnelles. Il ne s’agit pas d’un état de contrôle ou d’inconscience, mais d’un espace élargi de perception.

Expérimenter dans la relation thérapeutique

Mon accompagnement transpersonnel devient alors un laboratoire musical ! Ce qui se joue en séance, c'est une co-création : un espace où nous expérimentons ensemble d'autres rythmes relationnels, dans un climat sécurisé, mais vivant. C'est en osant se montrer autrement, peu à peu, qu'on réapprend à jouer ensemble.

Comment est-ce que je réagis quand le thérapeute modifie le tempo de nos échanges ? Que se passe-t-il en moi face à sa mélodie constante et bienveillante ?

L'autre jour, un client me disait : "Avec vous, je ne ressens pas ce besoin de surveiller constamment si je dis les bonnes choses. C'est nouveau pour moi."

Les états modifiés de conscience : réaccorder en profondeur

Vous savez ce qui me fascine dans mon travail avec les états de transe ? C'est cette possibilité d'accéder aux mécanismes profonds, ceux où se sont cristallisés nos automatismes musicaux depuis l'enfance.

Que ce soit par l'hypnose, la respiration holotropique ou certaines formes de méditation, ces états nous permettent de "réaccorder" doucement notre instrument relationnel. Comme un luthier patient qui ajuste chaque corde...

Dans mon approche transpersonnelle, je ne travaille pas seulement sur le plan mental, mais sur cette dimension plus large de l'être - cette partie de nous qui dépasse le simple "moi psychologique". Et c'est souvent dans ces espaces de conscience élargie que se produisent les transformations les plus profondes.

J'ai une patiente qui, après une séance de respiration holotropique, m'a dit : "J'ai l'impression d'avoir enfin entendu ma vraie mélodie, vous savez, celle que j'avais avant d'apprendre à jouer comme les autres voulaient."

Une symphonie "suffisamment harmonieuse"

Pour conclure (mais est-ce qu'on conclut vraiment sur ces sujets-là ?), j'aime bien cette idée de Winnicott sur la "mère suffisamment bonne". Peut-être qu'on peut aspirer à un "instrument relationnel suffisamment harmonieux" ?

Pas parfait, hein ! Avec nos petites fausses notes assumées, parce que finalement, elles font partie de la musique vivante.

Ce que l'attachement nous enseigne, au fond, c'est qu'on est des musiciens sociaux. Et c'est dans cette symphonie relationnelle - loin de l'illusion du solo perpétuel - que notre humanité résonne le mieux.

C'est ce réaccordage progressif, en lien, en conscience, qui guide tout mon accompagnement. Non pour viser une perfection relationnelle, mais pour retrouver la liberté de jouer sa musique — en harmonie avec soi, et parfois, avec d'autres.

Et vous, vous reconnaissez votre petit style musical dans tout ça ?

Ces réflexions résonnent en vous ? Dans mon accompagnement thérapeutique transpersonnel, nous explorons ensemble ces mécanismes invisibles qui nous habitent.

Parce que réapprendre à jouer en harmonie avec soi et les autres... c'est possible.

Prendre un rendez-vous

Quelques références pour les curieux

  • Schore, A. (2023). Right Brain Psychotherapy.
  • Fraley, C. (2019). Attachment stability from infancy to adulthood.
  • Levine, A. & Heller, R. (2022). Attached: The New Science of Adult Attachment.
Florent Jaouali

Publié le 8 août 2025

Par Florent Jaouali, Psychopraticien transpersonnel

Je vous reçois en séance d'hypnose, méditation, respiration holotropique à Villefranche de Lauragais et en ligne. Secteurs proches : Toulouse, Labège, Saint-Orens de Gameville, Castanet, Baziège, Castelnaudary, Nailloux, Gardouch, Revel, Pamiers, Auterive, etc.


Florent Jaouali

Florent Jaouali

Psychopraticien transpersonnel

06 37 33 26 55
florent@luminose.fr

Prendre un rendez-vous
Lieu2 Avenue de Verdun
Le Moulin de Barrelles
31 290 Villefranche de Lauragais
Oracle de mes ressources (boitier)

L’Oracle de mes ressources

Un jeu de cartes pour se dé-couvrir

Découvrir cet Oracle

Inscrivez-vous à la newsletter

Reçevez les actualités de Luminose par e-mail (publication d'un article, d'informations sur des stages ou des formations).

Quelques envois dans l'année et vous pouvez vous désinscrire à tout moment.