Dans nos sociétés modernes, nous traversons de grandes étapes de vie... sans vraiment les traverser. Pas de rituel pour marquer le passage, pas de seuil symbolique à franchir, juste un "avant" et un "après" floue.
Et si cette absence de rites de passage laissait nos transformations inachevées ? Découvrez pourquoi ces rituels ancestraux nous manquent tant aujourd'hui.
Vous est-il déjà arrivé de vivre un grand changement de vie et de vous sentir... bizarrement suspendu ? Vous savez, cette sensation que quelque chose d'important s'est produit, mais qu'il manque un truc. Comme si vous aviez changé d'appartement sans faire de pendaison de crémaillère, ou quitté un job sans jamais vraiment dire au revoir.
Dans ma pratique, je rencontre régulièrement des personnes qui vivent cette étrange liminalité : "Je suis divorcée depuis deux ans, mais j'ai l'impression de ne pas vraiment être sortie de mon mariage." Ou encore : "J'ai quarante ans passés, mais je me sens toujours comme un ado qui attend de devenir adulte."
Ce sentiment d'inachèvement, je crois qu'il nous dit quelque chose d'essentiel : nos grandes transitions ont besoin d'être ritualisées, célébrées, marquées. Sinon, elles restent comme des phrases sans point final...
L'anthropologue Arnold van Gennep a été le premier à décortiquer ce phénomène au début du XXe siècle. Il a observé que partout dans le monde, toutes les sociétés traditionnelles avaient développé des rituels pour accompagner les grandes transitions de vie.
Et vous savez quoi ? Ces rituels suivent TOUS la même structure en trois temps. Comme une chorégraphie universelle de la transformation humaine !
On quitte symboliquement son ancien statut, son ancienne identité. Dans les sociétés traditionnelles, ça peut être physique : le jeune garçon qui part dans la forêt, la jeune fille qui entre dans la maison des femmes. Mais c'est toujours aussi psychologique : on se détache de "qui on était".
Pensez au jeune Massaï qui doit quitter le village familial, ou à la tradition juive du Bar Mitzvah qui marque la fin de l'enfance spirituelle. Ces rituels disent clairement : "Ce que tu étais hier ne reviendra plus."
Ah, cette phase fascinante ! Victor Turner, un autre anthropologue, l'a particulièrement étudiée. C'est le moment du "ni-ni" : ni plus l'ancien, ni encore le nouveau. Un entre-deux mystérieux et souvent inconfortable.
Dans les rites traditionnels, c'est souvent une période d'épreuves, d'enseignements secrets, d'expériences intenses. Le novice est dans un état transitoire - parfois considéré comme "mort symboliquement" à son ancienne vie. C'est dans cet espace liminal que la transformation profonde se produit.
J'aime cette image : on est comme une chenille dans son cocon. Plus tout à fait chenille, pas encore papillon. Vulnérable, en mutation...
Le retour ! Mais pas n'importe comment. On revient transformé, avec un nouveau statut reconnu par la communauté. Des célébrations marquent cette renaissance. La société tout entière acte le changement : "Tu n'es plus celui/celle que tu étais. Nous te reconnaissons dans ta nouvelle identité."
C'est le guerrier Massaï qui revient au village avec ses nouvelles parures, la jeune Amérindienne qui reçoit son nom de femme, l'initié qui peut désormais participer aux cérémonies des adultes.
Les exemples sont aussi nombreux que fascinants ! En voici quelques-uns qui m'ont particulièrement marqué :
Et même dans nos propres traditions européennes, on retrouve ces traces : les confirmations religieuses, les bizutages étudiants (version dégradée, certes), les enterrements de vie de garçon/jeune fille...
Mais alors... que s'est-il passé ? Pourquoi avons-nous perdu ces rituels ?
La modernité, avec son individualisme et sa rationalité triomphante, a progressivement érodé ces pratiques. Mircea Eliade, historien des religions, parle de "désacralisation du monde". On a remplacé les rituels par des démarches administratives : un tampon sur un papier au lieu d'une transformation vécue dans la chair et l'âme.
Résultat ? On se retrouve avec des transitions "molles". Des passages flous. Un divorce qui s'étire en guerre juridique sans jamais vraiment se clore psychiquement. Une parentalité qui commence... mais sans qu'on se sente vraiment parent. Une retraite qui arrive comme un couperet sans préparation intérieure.
Dans mon accompagnement, je constate régulièrement les dégâts de cette absence de ritualisation :
L'anthropologue Louise Carus Mahdi souligne que cette absence de rites crée une "adolescence prolongée" chez de nombreux adultes contemporains. On cherche désespérément des substituts : tatouages, défis extrêmes, expériences limites... Autant de tentatives spontanées de créer soi-même son propre rite de passage.
Alors, sommes-nous condamnés à traverser nos grandes étapes de vie comme on change de station de métro ? Heureusement non !
Je crois profondément que nous pouvons – que nous devons – réinventer des formes contemporaines de rites de passage. Pas en copiant artificiellement des traditions qui ne sont pas les nôtres, mais en comprenant leur structure profonde pour créer nos propres rituels.
Dans ma pratique transpersonnelle, j'utilise souvent des états modifiés de conscience pour faciliter ces passages. La respiration holotropique, par exemple, peut créer cet espace liminal puissant où la transformation devient possible. L'hypnose aussi permet d'accéder à ces dimensions symboliques où se jouent nos métamorphoses profondes.
C'est précisément pour répondre à ce besoin que j'ai créé Le Seuil : un parcours initiatique structuré sur 4 mois qui puise dans la sagesse ancestrale des rites de passage tout en s'adaptant à notre réalité moderne.
L'idée n'est pas de reproduire artificiellement un rite traditionnel, mais de créer un parcours ritualisé où votre transition peut vraiment s'accomplir. Sept étapes organisées autour des trois phases classiques : la séparation (reconnaître le seuil), le passage (traverser les profondeurs), et l'enracinement (stabiliser la transformation).
Un accompagnement individuel, en présentiel et en visio, qui respecte le rythme nécessaire à une métamorphose profonde. Parce que certaines transformations ne peuvent pas être précipitées – elles demandent du temps pour s'intégrer vraiment dans la chair et l'âme.
Si vous sentez qu'un cycle se termine et qu'un autre veut naître, Le Seuil offre ce cadre ritualisé et structuré qui manque tant à nos transitions modernes.
Et si vous ne pouvez pas participer à un rite formel, voici quelques idées pour honorer vos transitions du quotidien :
Organisez une vraie "cérémonie de départ" de votre ancien poste. Écrivez une lettre à votre "moi professionnel" qui s'en va. Offrez-vous un objet symbolique pour marquer votre nouvelle identité.
Créez un rituel de clôture : brûlez (en sécurité !) des lettres ou objets symboliques, plantez un arbre pour "enterrer" cette relation, invitez des amis proches à témoigner de votre transformation.
Plutôt qu'une simple fête, offrez-vous une journée de retraite solitaire. Faites le bilan de la décennie passée, posez des intentions pour celle qui vient. Demandez à vos proches de vous écrire ce qu'ils reconnaissent en vous.
En conclusion (mais y a-t-il vraiment de conclusion à ces sujets qui nous traversent toute une vie ?), je dirais ceci : nos grandes transitions sont des moments sacrés, qu'on le reconnaisse ou non.
Elles nous appellent à mourir symboliquement à une version de nous-mêmes pour renaître transformés. C'est inconfortable, c'est déstabilisant, c'est parfois effrayant. Mais c'est aussi profondément humain et nécessaire.
La modernité nous a peut-être privés des rites ancestraux, mais elle ne peut pas nous priver de notre besoin fondamental de ritualiser nos passages. Ce besoin reste là, en nous, qui attend qu'on lui réponde.
Alors la prochaine fois que vous vous sentirez "entre deux", au seuil d'un changement important... écoutez cet appel. Et osez franchir consciemment ce seuil, avec intention, avec présence, avec rituel.
Parce que nos transformations méritent mieux qu'un changement d'adresse sur notre carte d'identité.
Vous ressentez cet appel du changement mais ne savez pas comment l'honorer ? Vous avez besoin d'un cadre pour transformer vraiment cette transition ?
Le Seuil est là pour vous accompagner dans cette transition. Un accompagnement individuel de 4 mois en 7 étapes, pour mourir symboliquement à l'ancien et renaître au nouveau.
Ou contactez-moi pour un accompagnement individuel de votre transition.
Publié le 1 décembre 2025
Par Florent Jaouali, Psychopraticien transpersonnel
Je vous reçois en séance d'hypnose, méditation, respiration holotropique à Villefranche de Lauragais et en ligne. Secteurs proches : Toulouse, Labège, Saint-Orens de Gameville, Castanet, Baziège, Castelnaudary, Nailloux, Gardouch, Revel, Pamiers, Auterive, etc.
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